L'importance des fibres dans l'alimentation des chevaux - Les Écuries de Jo'ïa

L’importance des fibres dans l’alimentation des chevaux

Les anglo-saxons parlent des 3 F : Friends – Forage – Freedom. En France nous n’avons pas encore de moyen mnémotechnique équivalent. Qu’il en soit ainsi, traduisons-les pour le bien de cet article : Vie sociale – Fibres – Mouvement.

Les Écuries de Jo’ïa sont bâties sur ces trois grands préceptes. Notre idée est de faire évoluer les codes des hébergements classiques à la force de notre volonté de respecter ces trois indispensables.

Dans ce second article de notre série « Friends / Vie sociale, Forage / Fibres et Freedom / Mouvement », nous abordons le deuxième principe cher aux Écuries de Jo’ïa.

L’importance des fibres dans l’alimentation des chevaux

Lorsque nous parlons des fibres dans l’alimentation des chevaux, nous parlons principalement d’herbe et de foin, qui sont des fibres dites longues. Ces fibres longues permettent un apport alimentaire conséquent et avant tout une bonne mastication qui engendre elle-même une salivation importante, essentielle pour le système digestif des chevaux.

Dans cet article, nous abordons uniquement ces dernières, même s’il existe désormais beaucoup de compléments fibreux qui apportent une quantité de fibres intéressantes mais engendrent une faible mastication de part leur courte taille. Il est désormais reconnu et admis que les fibres sont la base de l’alimentation des chevaux. Leur système digestif est conçu pour digérer en priorité les fibres et les valoriser énergétiquement.

À la lumière des nombreuses études réalisées sur le sujet ces dernières années, il n’est plus à prouver à quel point il est important de permettre aux chevaux un accès permanent aux fibres dans leur lieu de vie. Pour résumer (vraiment résumer 😊), un cheval digère en permanence et sécrète donc des sucs gastriques en continue dans son estomac. Lorsqu’il n’a pas accès à une source d’alimentation constante comme il le ferait dans la nature, les sucs gastriques n’ayant rien à « dégrader », créent progressivement des lésions plus ou moins permanentes : les ulcères gastriques.

Au delà de l’aspect social que nous avons abordé dans notre premier article de cette série, l’hébergement en boxe amène ainsi une contrainte supplémentaire ; un accès limité à la nourriture.

L’influence des fibres sur la santé

Il est, encore aujourd’hui, commun de voir des chevaux bénéficier d’une alimentation peu fournie en foin, avec une ration de céréales importante. Ces dernières s’avèrent être un facteur aggravant des ulcères gastriques de par leur forte teneur en amidon. Nous savons désormais que le stress, les changements, le travail, le matériel, sont autant de causes possibles d’ulcère.

C’est cependant ce système d’alimentation basé sur une très faible quantité de fibres et des apports alimentaires fractionnés qui en est la cause principale. Lab To Field (société de recherche en nutrition équine) résume, dans son article publié en 2019, les grandes lignes de l’importance d’une alimentation riche en fibres sur le bien-être et la santé des chevaux.

L'importance des fibres sur la santé et le bien-être des chevaux - Lab To Field

Zoom sur le système digestif

Fibres & Systeme Digestif du Cheval

Attardons-nous un instant sur un autre élément important du système digestif des chevaux ; leur gros intestin. Cet organe représente la partie la plus volumineuse de l’appareil digestif ; jusqu’à 60% de son volume total. Il se compose du cécum, d’une capacité d’environ 35 litres pour 1.20 mètres de long, et du gros colon, d’une contenance d’environ 90 litres pour 3 à 4 mètres de long.

Ce volume de l’intestin postérieur du cheval est indispensable à son système digestif puisque c’est lui qui va accueillir, digérer, découper et valoriser les fibres. Cette taille d’organe, largement plus importante que les autres, n’est pas anodine, et illustre à elle seule le ratio idéal que nous devons rechercher dans l’alimentation de nos chevaux.

En complément, nous attirons votre attention sur le fait que les chevaux ont également besoin d’un apport en minéraux et autres oligo-éléments qui sont souvent absents du foin. Une alimentation exclusivement à base de foin n’est ainsi pas recommandée dans la majorité des cas. C’est là que la ration complémentaire ou le CMV (Complément Minéral Vitaminé) entrent en scène. Pour en savoir davantage à ce sujet, vous pouvez consulter le site de Techniques d’élevage qui est une mine d’information en matière de nutrition équine.

« Forage » aux Écuries de Jo’ïa

Aux Écuries de Jo’ïa, nous avons fait le choix de proposer du foin et de l’herbe à volonté toute l’année à nos pensionnaires.

L’hiver, les chevaux ont ainsi accès à de grandes mangeoires remplies de foin, permettant à un troupeau entier de s’alimenter simultanément sans créer de compétition pour l’accès à la nourriture. Ils ont également accès à 5 hectares de prairies leur permettant de se mouvoir librement et de leur apporter de l’herbe en continu toute l’année, même si cette proportion de leur alimentation diminue au cours de l’hiver. À cette période, nos pensionnaires reçoivent quotidiennement une ration complémentaire sous la forme d’un aliment sans céréales, enrichie d’un CMV adapté si besoin.

Aux beaux jours, les troupeaux évoluent 24h/24 dans 9 hectares de prairies naturelles non traitées, après une longue transition pour éviter les désordres gastriques, et reçoivent du foin dès que cela est nécessaire.

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Installations-Les prairies d'été du troupeau multicolore

Nos conseils sur l’alimentation de votre cheval 

Comme chez les humains, le système digestif du cheval est son « deuxième cerveau ». Un système digestif défaillant peut-être à la base de nombreuses pathologies telles que les ulcères gastriques ou les coliques. Les douleurs abdominales peuvent également générer un profond mal-être chez le cheval.

On peut ainsi observer des problèmes de comportement tels que le tic à l’appui ou à l’air, une agressivité régulière, une réactivité au pansage ou au sanglage, des douleurs chroniques dans le dos et au travail, etc.

Chez le cheval, un système digestif dysfonctionnel entraîne progressivement un appauvrissement de la flore intestinale. Cette dernière, comme chez l’humain, constitue une part importante de son immunité. Un cheval nourrit de manière inadaptée sera donc plus sensible aux maladies et autres agressions extérieures.

Si votre cheval présente des symptômes vous laissant penser qu’il a mal au ventre, parlez-en à votre vétérinaire et proposez-lui rapidement un régime alimentaire davantage pourvu en fibres.

Voici quelques conseils concernant l’alimentation de votre cheval :

  • Idéalement, apportez du foin à volonté à votre équidé. Si vous êtes en pension et n’avez pas la possibilité de le faire (rations de foin distribuées matin et soir par exemple), vous pouvez vous munir d’un filet à foin ou d’un coffre slow-feeder. Ces derniers, par le biais de petites mailles, obligent les chevaux à manger lentement et à mastiquer plus longuement. Cela ralentit ainsi l’ingestion de la ration de foin de votre cheval et lui permet donc de rester moins longtemps sans foin jusqu’à la distribution suivante.
  • Si votre cheval sort quotidiennement dans un paddock dépourvu d’herbe, apportez-lui une petite ration de foin lui permettant de s’occuper et de ne pas avoir mal au ventre. Nous lisons régulièrement des retours d’expérience du type « mon cheval n’aime pas être dehors trop longtemps, il demande à rentrer au boxe ». Cela s’explique souvent par de l’ennui (qui peut être rectifié par l’apport d’un copain de paddock) mais aussi par le manque de nourriture dans l’espace de sortie. Un peu de foin, idéalement placé dans un slow-feeder, est une solution accessible.
  • Comme nous parlons des slow-feeders, il nous semble important de souligner que ces derniers doivent être fixés avec précaution pour des chevaux ferrés des antérieurs. En effet, un filet traînant au sol peut se coincer dans le fer au niveau des talons. Ces filets étant extrêmement solides, le cheval peut rarement s’en décoincer et cela peut occasionner de grosses blessures. Pensez donc à attacher correctement votre filet à foin à hauteur de poitrail de votre cheval pour une alimentation lente et sereine.
  • Aux beaux jours, proposez à votre cheval quelques heures de pâturage quotidiennes si cela est possible. L’appel de l’herbe est grand pour un cheval à cette période de l’année, vous le rendrez heureux et lui permettrez également d’absorber des fibres plus riches en vitamines, nutriments et oligo-éléments que le foin. De plus, le pâturage est une activité saine pour votre cheval car elle lui permet d’allier alimentation et déplacement, qui font parties de nos indispensables besoins physiologiques.
  • Préférez une ration sans céréales pour des chevaux ayant une activité physique faible à modérée. En effet, les céréales apportent une grande quantité d’amidon qui n’est métabolisée correctement que par des chevaux ayant une activité physique intense, par des jeunes chevaux en croissance ou des juments gestantes ou en lactation.

Aux Écuries de Jo’ïa, nous avons fait le choix de ne proposer que des aliments sans céréales, même pour nos jeunes chevaux et nos juments en lactation. En effet, les apports en protéines et en calcium peuvent être couverts par des composants tels que la luzerne ou la pulpe de betterave. Nous privilégions ainsi l’apport en fibres et en matières hautement digestibles.


À retenir

  • Le cheval est un animal ayant besoin de s’alimenter en quasi-permanence. En effet, son système digestif fonctionne en continu et requière ainsi des fibres à dégrader constamment.
  • Le plus grand organe de son appareil digestif est le gros intestin dont le travail est de découper, digérer et valoriser les fibres. Il est donc important de lui apporter de la matière adaptée en grande quantité : du foin ou de l’herbe pardi !
  • Une alimentation pauvre en fibres est à la base de nombreux problèmes de santé tels que les ulcères gastriques ou les coliques. Un cheval douloureux au niveau du ventre pourra également développer des comportements déviants tels que tiquer à l’appui, être agressif, ou réactif au pansage/sanglage. Afin d’éviter tout problème de santé au niveau digestif ou immunitaire, rectifiez rapidement la proportion de fibres dans sa ration quotidienne.
  • Permettre à son cheval de manger à sa convenance toute la journée est une priorité. Si vous ne pouvez pas lui laisser accès à une quantité illimitée de foin, pensez à vous munir de slow-feeders dont le rôle est de ralentir la vitesse d’ingestion de la ration de foin de votre cheval.
  • Aux beaux jours, proposez plusieurs heures de pâturage quotidiennes à votre cheval afin de lui offrir l’opportunité de varier son alimentation en fibre. Même si le foin est de l’herbe séchée, il n’offre pas les mêmes apports que de l’herbe sur pied.
  • /!\ Attention tout de même aux chevaux sujets à l’embonpoint /!\ L’herbe apporte davantage de fructane (sucre des plantes) et d’azote, qui sont des facteurs favorisant le surpoids chez le cheval. Nous connaissons bien le sujet ici, aux Écuries de Jo’ïa, puisque notre population est… hum… majoritairement enrobée 😉. Néanmoins, c’est une chose que nous tâchons d’améliorer sur le long terme ; trouver un juste équilibre entre pâturage quotidien et poids optimal.
  • Privilégiez des rations complémentaires sans céréales, plus digestes et moins riches en amidon.
  • Tout comme la vie sociale, une alimentation adaptée est un facteur essentiel du bien-être de votre cheval. Si son estomac est correctement rempli, il sera en bonne santé et enclin à partager de nombreux moments à vos côtés 😊

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