La liberté de mouvement chez les chevaux

La liberté de mouvement ; besoin essentiel des chevaux

Les anglo-saxons parlent des 3 F : Friends – Forage – Freedom. En France nous n’avons pas encore de moyen mnémotechnique équivalent. Qu’il en soit ainsi, traduisons-les pour le bien de cet article : Vie sociale – Fibres – Mouvement.

Les Écuries de Jo’ïa sont bâties sur ces trois grands préceptes. Notre idée est de faire évoluer les codes des hébergements classiques à la force de notre volonté de respecter ces trois indispensables.

Dans ce dernier article de notre série « Friends / Vie sociale, Forage / Fibres et Freedom / Mouvement », nous abordons le troisième principe cher aux Écuries de Jo’ïa.

Le mouvement ; instinct primaire des chevaux

Le mouvement régit la vie des équidés. Dans la nature, les chevaux sont des proies et en tant que telles, le mouvement est leur unique moyen de défense. C’est ainsi que les poulains se mettent debout dès les premières heures de leurs vies, répondant immédiatement à cet instinct primitif de mouvement.

Nous serons toutes et tous d’accord pour affirmer que les chevaux domestiqués sont, si tout va bien, à l’abri de l’attaque imminente d’un groupe de guépards 😊. Néanmoins, même placés dans des lieux sécurisés, leur instinct primaire reste le même ; bouger pour assurer leur survie.

Dans des conditions de vie naturelles, les chevaux se déplacent en moyenne 20 kilomètres chaque jour. Les équidés voyagent principalement pour rechercher de la nourriture, s’abreuver, sociabiliser, se reproduire ou se reposer dans un lieu sécurisé. Au-delà de l’aspect mental que la liberté de mouvement prodigue aux chevaux, elle est aussi un facteur prépondérant de leur bien-être physique.

Des moments de mouvements quotidiens plusieurs heures par jour font donc partie, avec les fibres et la vie sociale, des trois grands incontournables besoins fondamentaux des chevaux.

« Pas de pied, pas de cheval »

Si nous nous fions à cet l’adage, et nous nous y fions aux Écuries de Jo’ïa 😉, commençons par le commencement et penchons-nous sur les sabots des chevaux. Il y a tellement à écrire sur le sujet que nous consacrerons prochainement un article complet sur le pied et l’importance du pied-nu car cela fait partie de nos incontournables. Nous nous concentrons, dans les lignes à venir, sur les éléments d’étude étayant notre propos sur le mouvement.

Pour résumer de manière drastique, le pied est composé de corne, de structures osseuses, charnues, d’un système vasculaire très important, de nerfs, de cartilage, de tendons… En d’autres mots, le pied est une partie du corps du cheval complexe et essentielle à son bon fonctionnement.

Pour des animaux voués à se déplacer à longueur de journée, il est logique que la nature les ait ainsi dotés de quatre appuis parfaitement calibrés. Au-delà de leur rôle amortissant pour les structures osseuses, tendineuses et musculaires situées au-dessus d’eux, les pieds des chevaux, notamment leur partie arrière (talons, fourchettes, glomes), principalement constituées de cartilage, sont également des « petites pompes ».

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Les chevaux ont 5 cœurs !

Lors de l’impact du pied du cheval au sol, l’arrière du pied amortit le choc en se déformant, créant ainsi une augmentation de la pression sanguine. Lorsque le pied quitte à nouveau le sol, à l’inverse, la pression sanguine diminue. Et ce mouvement est ainsi répété des milliers de fois dans la journée pour des chevaux libres de bouger à leur convenance.

Si le mouvement est un facteur capital dans la circulation sanguine du cheval de manière générale, il est donc indispensable à toutes les structures irriguées par son système sanguin. Les systèmes lymphatique, tendineux, ligamentaire, respiratoire, musculaire, etc. sont autant de sphères internes qui ont besoin de mouvement pour leur fonctionnement optimal.

« Marcher pour manger, manger pour marcher »

La liberté de mouvement - Eric Ancelet

Le Dr Eric Ancelet, vétérinaire, définit ainsi l’importance du mouvement chez le cheval, notamment au sujet de son alimentation. Au-delà de leur impact vertueux sur l’activité du système digestif du cheval, les fibres, et notamment l’herbe, incitent les chevaux à se déplacer constamment pour se nourrir.

Le mouvement est ainsi également un besoin fondamental pour le système digestif des chevaux. Il favorise, comme nous l’avons vu précédemment, une meilleure circulation sanguine qui confère aux chevaux une meilleure santé de leurs organes. Le mouvement offre aussi (pardonnez-nous d’avance ce raccourci) une sorte de massage géant permettant aux aliments de mieux avancer dans le système digestif et aux gaz de s’évacuer correctement. Celles et ceux d’entre nous ayant déjà été amenés à gérer un cheval en colique, savent que la marche est le premier remède conseillé. Idem pour un cheval faisant une obstruction œsophagienne.

Le mouvement pour un développement physique harmonieux

Chez les jeunes chevaux notamment, le mouvement est synonyme de croissance et de développement physique équilibré. À l’image d’un poisson rouge dans son bocal, un jeune cheval limité en permanence dans ses mouvements aura une croissance ralentie et mettra plus de temps à s’étoffer. Si notre jeune cheval/poisson rouge se voit offrir l’opportunité de nager librement dans un pré 😉, alors sa croissance osseuse, tendineuse et musculaire s’en portera pour le mieux.

À travail équivalent, un constat similaire peut être fait sur des chevaux plus âgés. Un cheval pouvant se déplacer et pâturer à volonté aura une ligne du dessus harmonieuse et bien développée. A contrario, il est fréquent d’observer une ligne du dessus plus faible chez un cheval vivant en boxe, s’alimentant dans une mangeoire mise en hauteur et ne pouvant marcher le nez par terre à longueur de journée.

La liberté de mouvement ; besoin essentiel des chevaux

Dans son article publié en 2016 et disponible dans la médiathèque de l’IFCE, Christine Briant, vétérinaire et chercheuse à l’IFCE, aborde, de manière complète et détaillée, le besoin et les bienfaits de l’exercice quotidien pour le cheval. Elle introduit le sujet en affirmant que la mise en liberté du cheval, en plus du travail, a des effets bénéfiques sur sa santé et son comportement et le conclue en indiquant que, chez le cheval, si la motivation alimentaire est la plus forte, elle est suivie de la motivation d’être en liberté dans un paddock avec des congénères.

La liberté de mouvement - Christine Briant - IFCE

« Freedom » aux Écuries de Jo’ïa

Les chevaux sont, à nos yeux, un symbole de liberté ! À l’image de cette liberté, il nous paraît essentiel, aux Écuries de Jo’ïa, de laisser les chevaux être libres de leurs mouvements à tout instant. Ainsi, nous avons fait le choix de proposer à nos pensionnaires un mode de vie en troupeaux dans de grands espaces.

Ils évoluent toute l’année dans de vastes prairies propices aux mouvements libres et à l’organisation de leurs journées comme ils l’entendent. La vie en groupe favorise elle aussi le mouvement 😉. Entre les parties de jeu ou simplement les déplacements pour changer d’activité (passer de pâturage à pause foin sous l’abri par exemple), les chevaux qui nous sont confiés marchent très souvent au cours de leurs journées.

Les pieds de nos chevaux font partie de nos priorités en matière de bien-être. Ainsi tous nos pensionnaires sont pieds nus et leur parage est géré par nos soins, par leurs propriétaires ou par Guillaume Parisot, podologue à l’origine de la méthode PEL.

Les prairies des Écuries de Jo'ïa
Installations-Keops, Polo et Marco aux Écuries de Jo'ïa

Nos conseils pour favoriser le mouvement de votre cheval 

  • Idéalement, permettez lui d’être totalement libre de ses mouvements dans un cadre de vie regroupant de l’espace, un abri confortable, des copains et du foin à volonté.
  • Pour les personnes ayant leur cheval en pension dans des régions où ce mode de vie n’est pas accessible par manque de surface, la sortie quotidienne au paddock doit devenir un incontournable dans votre recherche de pension. Idéalement, sélectionnez une écurie disposant de paddocks dont le sol propose un peu d’herbe ou un peu de foin mis à l’opposé du point d’eau pour favoriser des déplacements, même courts, entre l’un et l’autre. Les chevaux ont besoin de motivation pour se diriger vers une activité ou un besoin. L’alimentation étant leur première source de motivation, elle est donc une première idée pour favoriser la mise en mouvement de votre équidé.
  • La présence d’un copain est également un facteur de mouvement pour votre cheval. Partie de jeu, moment de pâturage à deux, marche pour changer d’activité créeront autant de moments de déplacement.
  • Pour un cheval vivant en boxe, accordez-lui des sorties avec vous quotidiennement. Nous utilisons volontairement le terme « sortie », car nous estimons que seuls les chevaux athlètes de haut niveau doivent être travaillés tous les jours. Alternez donc les séances de travail monté avec du travail à pied type longe qui est un formidable exercice pour muscler son cheval sans le poids du cavalier sur son dos. D’autres activités comme le travail en liberté sous forme de jeu, une balade en main pour le moral sur son jour de repos, le brouting dynamique ou une balade montée sont autant d’alternatives à votre disposition.
  • Assurez-vous d’offrir à votre cheval un hébergement où les sorties quotidiennes sont possibles 😉.

Conseil bonus : Gardez toujours à l’esprit que votre cheval est un cheval, né avec un instinct de cheval et un corps de cheval peu importent son prix, son papier ou son croisement. Essayez, autant que faire se peut, de lui offrir une vie en adéquation avec sa nature.

Aux Écuries de Jo’ïa, nous avons parmi nos pensionnaires, Blue Eyes Astola Z, KWPN de 11 ans. Ancienne jument de dressage, elle vit aujourd’hui avec 13 autres copains et parle désormais parfaitement cheval depuis que ses colocataires le lui ont appris. Blue n’a jamais été en aussi bonne santé ni aussi sereine que depuis qu’elle vit dans des conditions semi-naturelles.

Don Marco de Saint Jean, lusitanien de 9 ans, cheval de dressage, vit comme tout le monde, en groupe (avec un gentil étalon en plus 😊) et travaille de mieux en mieux depuis qu’il bénéficie de ce cadre de vie. Heywa du Mas Garnier, fille de Van Gogh du Mas Garnier, 6 ans, vit aux côtés de 13 autres chevaux tout comme Rickless, jument Holsteiner pleine de sang. Autant de races, de personnalités et de papiers différents qui forment des troupeaux qui fonctionnent du tonnerre !


À retenir

  • Le mouvement est un besoin fondamental des chevaux. Leur offrir quotidiennement cette liberté de mouvement, c’est respecter leur nature profonde.
  • Le mouvement participe pleinement au bien-être mental et physique des chevaux. Leurs « 5 cœurs » (le cœur + les 4 pieds) leur permettent, grâce à la marche, de favoriser la pression sanguine et la circulation du sang dans l’ensemble de leur corps. Le mouvement est donc un facteur primordial pour une activité optimale de leur système sanguin, digestif, articulaire, musculaire, lymphatique, etc.
  • Le système digestif et son bon fonctionnement sont étroitement liés au mouvement. En effet, un cheval qui se déplace pour pâturer, a accès à des petites quantités de nourriture en permanence. Il digère ainsi mieux son alimentation qu’un cheval qui reçoit de grosses rations deux ou trois fois par jour. « Marcher pour manger, manger pour marcher », résume ainsi le Dr Ancelet.
  • Le mouvement est synonyme de croissance harmonieuse chez le jeune cheval et de développement musculaire équilibré chez le cheval adulte. Un jeune cheval qui se déplace à volonté grandira de manière accordée et homogène. À activité physique équivalente, un cheval pouvant se déplacer et pâturer à volonté aura une ligne du dessus harmonieuse et bien développée.
  • La mise en liberté du cheval, en plus du travail, a des effets bénéfiques sur sa santé et son comportement et s’avère être la motivation la plus forte chez un équidé derrière la motivation alimentaire.
  • Des moments de mouvements quotidiens plusieurs heures par jour font partie, avec les fibres et la vie sociale, des trois grands incontournables besoins fondamentaux des chevaux.

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